Appartient au cycle : Mémoire et commémorations : entre rituel et occultation
La mémoire de la Shoah : que transmettre et pour quoi faire ?
Mémoire et commémorations : entre rituel et occultation
Sans confondre mémoire et histoire, et alors que s’éclaircissent les rangs des témoins, le génocide du peuple juif (en hébreu “shoah”) apparaît bien, les années et l’étude aidant, comme l’une des césures majeures non seulement de notre siècle, mais plus largement de l’histoire occidentale. Ce n’est pas tant le bilan chiffré du génocide qui marque cette rupture, ni même le processus industrialisé du meurtre de masse auquel il a donné lieu. Car à travers l’existence physique et spirituelle d’un peuple voué à la destruction, et jusqu’aux traces mêmes de sa destruction, c’est la notion de personne humaine qui a été anéantie à Auschwitz. Par le projet génocidaire dont le peuple juif a été la victime, la part d’humanité en chaque homme a été entamée. Et cette blessure a pour longtemps brisé la nécessaire “confiance dans le monde”. Pour renouer le lien social, pour “se réconcilier avec le monde” (Hannah Arendt), il nous faut enseigner non seulement l’histoire d’une martyrologue, mais aussi, à travers la catastrophe spécifique qui a frappé le peuple juif, le cheminement intellectuel d’un désastre.” (Georges Bensoussan)
18 mai 1995
Publié le 16/01/2007
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