Relire André du Bouchet avec Alain Veinstein
Relire... avec. Ecrivains à l'écran

“En 1964 je fus transi, comme le sont les amoureux. Un livre produisit cet effet : “Dans la chaleur vacante d’André du Bouchet. Si je disais, quarante-cinq ans plus tard, qu’aucun livre ne me mit par la suite dans un tel état, ce ne serait pas une façon de parler. Je serais dans le vrai, comme j’eus le sentiment de m’y frayer un chemin en découvrant “Dans la chaleur vacante”. Tout se passait comme si se développait, à mesure que je lisais, une photo que j’aurais pu prendre en un autre temps sans aller au-delà du négatif. André du Bouchet portait en pleine lumière ce qui s’était inscrit dans ma nuit depuis toujours, toutes ces phrases retenues, transies, qui résistaient à mon impatience. Si une fois au moins j’ai dansé avec les mots, ce fut avec ceux de cette poésie-là. Et s’il est une poésie dont j’ai le plus grand mal à parler, c’est bien celle-là. A l’heure où j’écris ces lignes, je me demande comment, tenu malgré tout de parler ou, à tout le moins, de ne pas rester complètement silencieux en public, je vais pouvoir contourner l’obstacle.” (Alain Veinstein)

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