Rencontre avec Thierry Garrel
Frederick Wiseman, nos humanités • Chapitre 2

À l’occasion de la rétrospective que lui consacre la Cinémathèque du documentaire portée par la Bpi, voici une séance organisée autour du film Near Death de Frederick Wiseman. La proximité avec la mort a commandé un retour au noir et blanc et cette durée singulière, nécessaire pour rendre compte des relations entre patients, familles, médecins et personnels, pour que puissent exister les vertigineuses questions éthiques, philosophiques, religieuses, légales qu’engage le fait de filmer le service de soins intensifs de l’hôpital Beth Israël de Boston.

Film de l’ensemble “Seuils et au-delà” Sous le regard du cinéaste, le monde hospitalier constitue un seuil, un état de suspension entre la vie et la mort. Mais quand Hospital s’apparente à un purgatoire dont on peut sortir vivant dans le meilleur des cas, Near Death entame une “conversation” avec la mort aussi frontale et obstinée que précautionneuse et profondément humaine. Wiseman appréhende ces endroits de façon factuelle, assurément en être de raison. Il en est de même du fait religieux, qu’il intègre à de nombreuses reprises à une filmographie comptant une foule de sermons, de prêches, qu’ils soient de l’ordre du sacré ou du profane, de la conscience ou du délire. Avec Essene, il se confronte directement au religieux, dans un autre lieu transitoire, entre la parole humaine et celle de Dieu – cette passion américaine avec le matérialisme. Car il est évident que si on adresse ses prières à l’au-delà, c’est bien ici-bas que l’on vit.

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