Documentaire et fiction, si loin, si proche

Depuis toujours, des fictions se nourrissent du réel et de l’approche documentaire tandis que des documentaires empruntent à la fiction ses structures scénaristiques. Certains cinéastes construisent une oeuvre protéiforme, inventant à chaque film un geste en cohérence avec le projet narratif, documentaire ou fiction. D’autres se sont affranchis des catégories, ne revendiquant rien d’autre que le cinéma, territoire commun à la fiction et au documentaire. Le terme d’hybridation est récemment apparu pour définir certains films, dont les dispositifs se réclameraient à la fois du documentaire et de la fiction. Comme la promesse d’un nouveau genre qui aurait tout à la fois enfin réglé la question du réel, du document et de l’imaginaire. Un terme que le marché intègre aujourd’hui dans une stratégie économique, pour donner une plus grande visibilité aux films. Tandis que les codes de la fiction qui dominent l’industrie du cinéma pèsent sur la manière d’écrire et de financer, les codes du documentaire deviennent une plus value artistique sur le marché. Dans ce contexte de quoi l’hybridation est-elle le nom ? D’un flou qu’on aurait intérêt à maintenir en termes de stratégie institutionnelle et économique ? Ou d’un véritable espace de recherche pour des films qui s’appuient sur ce mélange possible des genres ? N’est-ce pas l’occasion pour le documentaire de réaffirmer sa valeur de modèle artisanal et d’expérimentation, libéré des pratiques de fabrication lourdes de l’industrie, et qui peuvent aussi concerner des fictions qui s’écrivent hors de toute convention ?

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