L’école du cinéma documentaire
Le réel à l'épreuve

Au-delà de la simple captation ou de l’usage de dispositifs dans lesquels on veut parfois la cantonner, pourrait-on dire, en nous inspirant de cette définition de Francis Bacon selon laquelle peindre, c’est « dresser un piège pour attraper le vivant »[i], que la mise en scène documentaire consisterait à dresser des pièges pour attraper le réel ? Car le « continent » documentaire, cet « autre du cinéma »[ii], art impur par excellence pour reprendre les mots d’André Bazin, est le lieu foisonnant de tous les possibles filmiques, de tous les gestes : des lignes épurées aux hybridations savantes, le rapport au réel y est sans cesse renouvelé, réinterrogé, remis en jeu, éludé. À partir d’expériences très concrètes et au plus près de la fabrique des films de chacune et de chacun, cette discussion tentera d’en situer quelques chemins – de traverse, comme il se doit – avec comme boussole ou ligne de fuite le souci inquiet de ce qui demeure de fragile et d’incertain en nous, c’est-à-dire de ce qui y résiste malgré tout, y palpite en secret : la vérité du vivant.

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